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22 juin 2009 1 22 /06 /juin /2009 10:30
Ça y est. Les disques sont rangés, classés. Les siens, les miens, mélangés, accouplés. Pas de larsens, tout se passe bien. L’ordre alphabétique doit avoir des vertus pacificatrices.
Pourtant, quand on mélange amoureusement nos CD (voir épisode précédent ici), on tombe forcément sur des disques que l’on a en double.
Dans les 33 tours, ces doublons se comptent sur les doigts d’une seule main (Grease, Saturday Night Fever, le premier A-Ha, un Eurythmics, Thriller de Michael Jackson), trahissant insolemment que nous avons grandi dans les années 80, au rythme hebdomadaire du Top 50 de Marc Toesca…
Mais pour les CD, c’est autre chose. Et nombreux sont ceux qui, délogés par leur double maléfique (plus beau, pas délavé par le soleil, le digipack intact, le cristal pas rayé, l'original plutôt que la copie), n’ont plus le droit de trôner sur les rayonnages rouges, condamnés au purgatoire ou sommés de se trouver de nouveaux propriétaires parmi nos amis (voire parmi nos ennemis ?)…
Bien sûr, pour certains, on aura gardé les doublons, parce qu'il s'agit d'éditions différentes (Le Live au Roxy de Polnareff), parce que le boîtier ou le livret n'est pas le même (Sea Change de Beck, Faites vibrer la chair de Zone libre), parce que l’une des deux versions est agrémentée d’inédits ou de titres bonus (OK Computer de Radiohead, You All Look the Same to Me d’Archive).
Mais, déjà, avec tous ceux-là, on se dit que "disquairement parlant", on avait deux, trois choses en commun, non ?


PJ Harvey, Uh Huh Her Mercury Rev, Deserter’s Song Mercury Rev, All is Dream – Mercury Rev, The Secret Migration John Butler Trio, Grand National – Noir désir, Des visages, des figures – Noir désir, Veuillez rendre l’âme (à qui elle appartient) – Garbage, Beautiful Garbage – Sonic Youth, Dirty – Sonic Youth, The Destroyed Room – The Cure, Kiss Me, Kiss Me – The Cure, The Cure – Nick Cave & The Bad Seeds, Nocturama Nick Cave & The Bad Seeds, The Boatman’s Call – The Clash, London Calling – Coldplay, A Rush of Blood to the Head – Coldplay, Parachutes – Eagle Eye Cherry, Desireless – Smashing Pumpkins, Gish – Smashing Pumpkins, Siamese Dream – Tindersticks, Tindersticks – Tindersticks, Simple Pleasure – Laurent Voulzy, Avril – The White Stripes, Get Behind Me Satan – Neil Young, Unplugged – Nirvana, In Utero – Portishead, Dummy – Radiohead, Hail to the Thief – Radiohead, Kid A – Red Hot Chili Peppers, Blood Sugar Sex Magic – Sigur Ros,( ) – The Silver Mount Zion, Born Into Trouble as the Sparks Fly Upwards – Archive, Disc – Air, Pocket Symphony – Abd Al Malik, Gibraltar – Louise Attaque, Comme on a dit – Louise Attaque, À plus tard crocodile – Louise Attaque, Louise Attaque – Luke, La tête en arrière – Massive Attack, 100th Window – Moby, Play – Daniel Darc, Crèvecœur – Depeche Mode, Violator – Depeche Mode, Playing the Angel – Dominique A, Auguri – Eels, Beautiful Freak – Eels, Daisies of the Galaxy – Charlotte Gainsbourg, 5.55 – Gorillaz, Gorillaz – Herman Dune, Giant – Alain Bashung, Fantaisie militaire

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16 juin 2009 2 16 /06 /juin /2009 15:52
Il est toujours particulièrement agréable, quand rien ne nous y a préparé, de découvrir, au détour d'un article, qu'un de ses groupes fétiches - un véritable compagnon de route - a sorti un nouvel album. Ainsi, juin 2009 m'offre un nouveau disque de Sparklehorse alors que je ne m'y attendais vraiment pas, me consolant de la toujours trop longue absence de Mark Linkous dans les douces mélodies du Delano Orchestra. Un nouveau Sparklehorse, donc... Enfin, pas tout à fait... Un disque de Sparklehorse et du producteur Danger Mouse (Gnarls Barkley, Gorillaz...) accompagné d'un livre de visuels de David Lynch et agrémenté d'une floppée d'invités. Un projet se déclinant aussi en installation, bientôt à Los Angeles.
On se méfie des disques collectifs déroulant leur carnet d'adresses avec arrogance, mais vous conviendrez, si vous l'avez vu sur scène, que l'arrogance n'est pas vraiment le terme le plus à même de qualifier le fragile et délicat Mark Linkous. Alors, voilà, malgré la présence d'un rescapé de Grandaddy, malgré les Flaming Lips, Iggy Pop, Frank Black, les chanteurs de The Shins ou des Strokes, Suzanne Vega, Vic Chesnutt ou Nina Persson, c'est bel et bien à un nouvel album de Sparklehorse que l'on a affaire sur la majorité des plages. La plupart des titres auraient pu trouver leur place sur un successeur de Dreamt for Light Years in the Belly of a Mountain (produit, justement, par Danger Mouse). Et si les apparitions de Frank Black, d'Iggy Pop et de Julian Casabancas convainquent moins, c'est justement parce qu'elles dénotent un peu trop par rapport aux tonalités habituelles de Sparklehorse, parce que la greffe (évidemment parfaite pour Wayne Coyne ou Jason Lytle) prend avec eux un peu moins bien...
Précisons qu'un litige entre Danger Mouse et EMI empêche la sortie physique de l'album. Dark Night of the Soul est donc pour l'heure, et sans doute pour toujours, un livre de David Lynch vendu avec un CD vierge sur lequel l'album, téléchargeable gratuitement un peu partout, pourra être gravé... Cruel paradoxe pour le disque de Mark Linkous qui, vertu du net, sera sans doute le plus écouté mais le moins rétributeur...

Album disponible ici.

Lire aussi ici et .
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5 juin 2009 5 05 /06 /juin /2009 11:21


Un lundi soir. Mes VHS abandonnées dans la rue. Du côté de Vincennes et de Montreuil, comme chaque semaine ce soir-là, c’est la veille du ramassage des encombrants, et les glaneurs sont de sortie. Jusque tard dans la nuit. J’ai laissé les trois cartons ouverts exprès. Je ne peux pas juste les jeter. Je discute avec un curieux en descendant le dernier carton. Plus tard, du balcon, j’observe, c’est émouvant. Des gens passent, ne les regarde pas. D’autres se retournent, reviennent sur leurs pas. Les cassettes leur font de l’œil. Les jaquettes Télé K7 font le trottoir, aguicheuses, donnent l’illusion de boîtiers du commerce, d’originaux. Des centaines de films. Et, si je puis me permettre, vraiment pas de la merde. Que des copies pourtant. Avec de la pub au milieu, souvent. Mais, couchées sur bandes, des milliers d’heures de plaisir, de découvertes s’égrainant sur une petite douzaine d’années. Elles ont survécu au premier déménagement. Il y a neuf ans. Je n’avais pas encore, alors, de lecteur DVD. Là, ce n’est plus possible. Il faut faire de la place dans l’appart’ tout autant que dans ses souvenirs. Les originales, j’en ai gardé quelques-unes, d’autres, je les ai données. J’en avais de toute façon acheté assez peu. L’objet était moins tentant. Pas comme les DVD. Oui, avant on ne téléchargeait pas, on enregistrait à la télé, on se faisait des copies entre potes, on dupliquait les films qu’on louait au vidéo-club ou qu’on empruntait à la médiathèque… Je ne connais même pas l’état des bandes, je n’en avais pas regardé depuis des lustres. Mais je sais, pour chacune, où je l’ai enregistrée, quand je l’ai enregistrée. Elles moisissaient dans des cartons et, pour les plus chanceuses, sur des étagères depuis quelques années. Même la première d’entre toutes, cette 240 minutes enregistrée en période de fêtes sans doute au début des années 90 et rassemblant Errol Flynn en collants verts et le Monolithe kubrickien.

Mes cassettes, comme un itinéraire. De beaux souvenirs d’apprentissage.
Si d’autres peuvent s’en emparer avant le passage des poubelles, tant mieux… Avec elles, c’est un peu de ma cinéphilie qui s’en va… C’est pas grave…


Il y avait tant d’heures de musique, aussi, copiées sur bandes magnétiques...


"Et nos CD, alors, on les mélange ?"


Les sept étagères sont là, montées depuis trop longtemps. Les cartons scotchés depuis tout autant. Elle est bien trop longue, cette transition. Les cartons attendent chez moi. Les étagères patientent chez elle. Dans dix jours, on mélange. Dans dix jours, on déballe !


"De toutes façons, moi, le classement des CD, je ne m’en occupe pas". Eh bien, encore heureux ! En attendant, nos étagères rouges prennent bien la poussière sur leurs deux mètres de hauteur. Il est temps de les garnir, de mots, de notes et de musiques.


Mes potes, j’y tiens. Ils apprécieront qu’on ait déjà transporté, petit à petit, dans mon nouveau chez moi presque tous mes vinyles. Sauf qu’en vrai, ce n’est pas pour les ménager, c’est juste que je n’avais pas trouvé de cartons à la bonne taille… Eh oui…


À deux, nous avons quand même trois fois la B.O. de Saturday Night Fever en 33 tours. Ça fait six disques et douze faces… Mais comment on a fait ça, nous qui étions trop jeunes pour nous trémousser sous boules discos quand sortit le film de John Badham ?!


"Mais tu veux vraiment la garder ta lava-lamp ?"


Sea Change de Beck, Uh Uh Her de PJ Harvey, Dirty et The Destroyed Room de Sonic Youth, OK Computer et Kid A de Radiohead, Des visages, des figures de Noir désir, Faites vibrer la chair de Zone libre. Quelques doublons qui feront le bonheur des amis. Bizarrement, ce ne sont pas les pires horreurs de nos discothèques respectives que nous avons en double. Et Dieu sait si nous en avons des horreurs ! Enfin, moi, surtout…


Mais à quoi ça sert d’habiter désormais à côté de la Cigale, du Divan du Monde et de l’Elysée Montmartre si, depuis un an, presque tous les concerts que je vais voir se déroulent bizarrement au Bataclan ?!


D’ailleurs, il y a quelques heures, c’était Jarvis Cocker…


Le joueur d’accordéon, je l’aime bien quand c’est Yves Simon qui le chante. Par contre, l’entendre tous les soirs exécuter les mêmes airs pour les clients du café d’en bas, ça donne une furieuse envie de pousser le Marshall à onze… Mes nouveaux voisins m’adorent déjà…


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18 mai 2009 1 18 /05 /mai /2009 11:38
Je n’aurais jamais cru écrire cela, mais hier Polly Jean m’a saoulé. Si son précédent passage à Paris, seule, au Grand Rex, avait enchanté, le premier concert du Bataclan, dimanche soir, fut une puissante déception.
Étonnement d’abord de la voir débouler pieds nus, en petite robe, délestée de son habituelle guitare. Au Grand Rex, nous promettant un concert solo dans la lignée de l'album White Chalk, elle déboulait guitare rugissante et calmait d’emblée toute l’assemblé avec un To Bring You My Love d’une tranchante intensité. Hier, pas de telle surprise : le concert commença avec l’efficace Black Hearted Love, exécuté tout aussi efficacement par un groupe il faut bien le dire parfait et bénéficiant d’une balance pour une fois idéale. Programme annoncé : en entamant le set avec le premier morceau du dernier né, il était clair que tout l’album y passerait et que peu de place serait laissée au reste.
Alors PJ hier ? Chanteuse beaucoup. Rock Star beaucoup moins. Et c’est bien son problème depuis quelque temps, qui apparut très clairement à la sortie de A Woman a Man Walked By, confirmant en cela le virage amorcé par ce fade White Chalk que tant d’autres tiennent pour un chef-d’œuvre. Désormais, pour PJ, on dirait que chaque chanson s’envisage presque comme une performance, comme une manière de tester une voix poussée dans ses retranchements, malmenée, travaillée jusqu'à l'épuisement. Pourquoi pas, mais il est assez désagréable d’assister à la "Björkisation" de notre égérie indé, de sentir que l’affectation a remplacé ce qui subsistait d’émotion… Chaque morceau comme un exercice de style. Comme si l’urgence, la nécessité, s’étaient émoussées…
Ce fut un très court concert (1h20) dont on retient quelques très beaux moments (Sixteen, Fifteen, Fourteen et son banjo, les jappements de Pig Will Not), des fulgurances soniques et un talk over fébrile rappelant The Ex, un rappel mettant à l’honneur John Parish, mais aussi, malheureusement, d’agaçantes minauderies vocales sur Leaving California ou April, triste morceau de conclusion où PJ ne trouva rien de mieux à faire que de singer, aux couplets, les parfois agaçantes Cocorosie…
La bizarrerie de tout cela, c’est que j’écris ces quelques lignes en réécoutant l’album et que les morceaux passent, gravés sur CD, plutôt mieux qu’hier soir… Alors, pourquoi m’a-t-elle tant déçu ? Parce qu’elle laissa la guitare à d’autres (dont John Parish bien sûr) ? Parce que le fan de Dry ou de Is This Desire n’eut pas son compte de classiques ? Parce qu’apparurent sur scène les effets et les artifices que l’incohérence d’un album presque expérimental dissimula un temps ? Parce que je suis juste passé complètement à côté d'un excellent concert ?
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28 avril 2009 2 28 /04 /avril /2009 11:46
Au hasard d’un film (le nouveau Star Trek en l’occurrence), c'est une sensation jubilatoire. On ne s’y attend pas : un morceau qu’on adore déboule comme ça, vient réellement (utilement) dynamiser une séquence. Le morceau dure, il est utilisé à dessein, pas seulement comme un signe pop ou comme du remplissage stérile... Ça fonctionnait admirablement avec The Times They Are A-Changin' de Bob Dylan sur le générique uchronique des Watchmen. Et dimanche soir, ça résumait pas mal l’entreprise de J.J. Abrams s'attaquant à Star Trek.
Sabotage
des Beastie Boys pour illustrer l’une des premières séquences du film, celle visant à nous présenter James T. Kirk enfant rebelle, pas encore capitaine de l’Enterprise… C’est la première bonne surprise d’un film qui en recèle de nombreuses et qui réussit à la fois à satisfaire qui n’a jamais été le moins du monde intéressé par Star Trek (votre serviteur) et qui déteste la seconde trilogie des Star Wars (moi itou). C’est sûr, J.J. Abrams et Damon Lindelof, après la quatrième saison de Lost (ce que j’ai pu voir de plus stimulant l’an dernier), sont très forts… En situant leur blockbuster dans une réalité et un espace/temps parallèles à ceux que vénèrent les "trekkies", en préférant les personnages et les sentiments à la surenchère d’action et à la vaine agitation, ils ont réussi l’impensable : renouveler de fond en comble une série intouchable et me faire aimer les mecs en pyjamas…




Parce qu’on ne s’en lasse pas, Sabotage, le clip réalisé par Spike Jonze, et un détournement plus anecdotique dudit clip à l’aune d’une autre odyssée intergalactique…



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16 avril 2009 4 16 /04 /avril /2009 15:14

Dans l'angle mort de la scène, derrière Hamé et Casey, concours du plus beau tee-shirt entre Serge Teyssot Gay et Marc Sens, les deux guitaristes de Zone libre. Un lapidaire "Fuck Rock Stars" pour Sergio. "Obey" et son yuppie extra-terrestre échappé du grandiose They Live
pour Marco. Les amateurs
de John Carpenter - à la fête au rappel improvisé sur le thème d'Assault on Precinct 13 - auront apprécié...

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31 mars 2009 2 31 /03 /mars /2009 17:49
On ne se remet jamais tout à fait d’avoir découvert les Yeah Yeah Yeahs au Trabendo, le 6 avril 2002, à l’époque de leur premier EP. Ce soir-là, on était venu voir le Jon Spencer Blues Explosion, mais c’est subjugué par Karen O, furie de première partie, qu’on était reparti. Dès lors, on ne dirait plus jamais que les premières parties nous gavent, mais qu’elles peuvent au contraire nous offrir les plus belles surprises. C’est rare, mais ce soir-là, ce fut inespéré. Je n’avais pas entendu parler des Yeah Yeah Yeahs, rien n’avait "fuité" en France, il n’y avait pas tant de blogs musicaux, je ne téléchargeais pas encore, c’était une vraie découverte.
Non, vraiment, Russell Simins, Judah Bauer et Jon Spencer auraient pu se faire porter pâles qu’on ne leur en aurait même pas voulu.
Le lendemain, donc, encore tout estourbi, on trouve au rayon import du Virgin des Champs-Élysées le fameux EP. Cinq titres déments pour un groupe dont le premier vrai album (Fever to Tell) viendra, un an plus tard, confirmer la passion qu’on lui porte. À ce moment-là, dans nos têtes, l’équation est simple. Il y a eu Patti Smith, PJ Harvey. Il y a désormais Karen O. Les Yeah Yeah Yeahs m’ont alors tellement stupéfait que, par la suite, quand ils viennent jouer Show Your Bones en mai 2006, je fais même un aller-retour Cannes-Paris, en plein festival, pour ne pas rater leur passage à l’Elysée Montmartre. Il y a des groupes, comme ça, dont on a l’impression qu’ils sont "à nous", qu’on ne peut plus les rater. Vraiment n’importe quoi, vous dis-je.
Trois tee-shirts plus tard (un noir, un blanc, un vert), quelques miettes de fond de tiroir pour faire patienter (Is Is EP), et voici que déboule enfin le troisième album, It’s Blitz. J’ai parfois l’impression qu’il n’y a que moi qui l’attends. Même si on a beaucoup parlé d’eux entre 2002 et 2004, même si Fever to Tell fut considéré comme le meilleur album de 2003 par le New York Times, les Yeah Yeah Yeahs demeurent un groupe assez sous-estimé. En France en tout cas. Et, avec le disgracieux It’s Blitz, cela ne risque guère de changer. Je crois surtout que quiconque n’a jamais vu Karen O, Nick Zinner et Brian Chase sur scène ne peut comprendre l’engouement et l'émoi que ce trio de grande classe a pu provoquer chez quelques-uns.
It’s Blitz, donc, est déconcertant. Pour le moins. Moins de guitares, plus de claviers, des sonorités eighties dialoguant, à distance, avec celles que Franz Ferdinand a privilégié pour son excellent et autrement réussi Tonight. À lire les quelques chroniques qui accueillent ce disque ces jours-ci, on dirait que les Yeah Yeah Yeahs sont un peu devenus l’ambulance sur laquelle les blogueurs et chroniqueurs de bon goût vont se faire un plaisir de tirer. Comme si les Yeah Yeah Yeahs devaient payer aujourd’hui le fait d’avoir tant incarné la "hype", le renouveau de la scène rock new-yorkaise au début du XXIe siècle. En s’acoquinant avec Dave Sitek de TV on the Radio, pourtant un complice de longue date, les Yeah Yeah Yeahs pactisent avec la personnalité la plus emblématique de l’Ennemi nouvellement désigné ici et là : le producteur. C’est peut-être le gros handicap de cet album. Si Dave Sitek est l’orfèvre maniaque derrière le son des puissants TVOTR, c’est aussi le metteur en sons qui habilla le très mauvais disque de Scarlett Johansson l'an dernier, révélant par là-même tous ses trucs, tous ses gimmicks, comme aucun prestidigitateur ne devrait jamais le faire. Alors, si depuis des années les allers-retours entre YYY et TVOTR sont pourtant incessants (les clips des uns réalisés par les autres, des participations croisées aux albums des autres), le mariage peut paraître contre-nature tant ce qui plut d’abord chez les Yeah Yeah Yeahs fut leur son rêche, dépouillé et punk.
Pourtant, la tentation pop et le penchant coupable pour la joliesse étaient là depuis le début, nichés derrière les assauts soniques et les feulements de Karen O. Même Arcade Fire a repris Maps, c’est dire… Eu égard à ce qui précéda, It’s Blitz est ainsi relativement cohérent, pas si différent, malgré ses accents électros, ses claviers soudain mis au premier plan, son goût pour les ballades éthérées mettant en avant le chant de Karen O (voir ainsi les belles versions acoustiques en bonus du nouvel album).
Quand j’ai découvert Zero, le nouveau single, je me suis dit "Et merde !". Et bizarrement, en y revenant, passée la surprise, j’ai adoré ce morceau. Alors, oui, les Yeah Yeah Yeahs évoluent. Objectivement, c’est sans doute moins bien qu’avant, mais le mec qui, ce soir d’avril 2002, s’est pris ce trio de plein fouet et en plein cœur ne peut décemment écrire que cet album est mauvais. Commercial, ok, mauvais, non…

Voir le clip de Zero : ici

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16 mars 2009 1 16 /03 /mars /2009 20:19

On ne se connaissait pas.

Pourtant, je vais te tutoyer.

Pourtant, je te pleure.

Et puis après…

Arrêtons là.

Rien ne change…

Pas plus qu’après Vilnius…

Il y a tes disques, tes chansons qui, elles, ne meurent pas, volutes incandescentes pas près de partir en fumées. Nos vies, tu les as suivies, tu les as racontées, tu les as précédées, compagnon de route essentiel autant que discret. Tu n’étais pas le seul. Non, vraiment pas. Des fois, même, j’oubliais à quel point tu étais important. Puis deux disques le rappelèrent sans sommation. Evidents. Sublimes. En 1998 puis en 2002. Fantaisie militaire puis L’imprudence.

Samedi après-midi, d’ailleurs, je t’écoutais. Rétrospectivement, c’est troublant. Forcément. C’était le deuxième CD de Confessions publiques. Hasard total. Du "live" pour conjurer la mort. J’avais aussi ressorti le 33 tours de Roulette russe (une envie, comme ça, de le réécouter depuis la lecture toute fraîche du Gaby de Marc Besse) mais je n’avais pas eu le temps de le poser sur la platine. Le temps me pressait moi aussi, mais pour des raisons bien plus anecdotiques que celles qui te firent emprunter ton dernier express.

On parlait beaucoup de toi depuis deux semaines.

Je ne t’avais pas vu ce fameux soir de fin février pour ta dernière apparition devant des caméras. Un triomphe paradoxal, une ultime boutade à la Faucheuse, dirent-il… Ton enterrement public peut-être, déjà… Tous ces commentaires tenant à distance la musique pour apprivoiser l’idée d’un départ m’indifféraient. Non, m’agaçaient, plutôt. Tout autant que cette dernière tournée à laquelle je ne voulais pas trinquer, sans doute pour de mauvaises raisons. Pas envie que tu deviennes un Monument. Pas envie d’aller te voir une dernière fois en me disant "Vite, vite, tant qu’il est encore temps". Les "J’y étais", plutôt envie de les laisser aux autres…Tiens, par exemple, à cette connaissance trop heureuse de me lâcher tout à l'heure au téléphone qu'elle aurait dû aller te voir après-demain au Grand Rex...

Ce soir, toujours sur la ligne blanche, je ne suis pas malheureux. Remettre tes disques, entendre ta voix, c’est bien. "S’en fout la mort", disait Claire Denis qui te shoota pour un clip. Ta musique, donc, elle, est bien là, qui résonne dans les grands espaces. Elle n’est pas près de s’arrêter. Pas de fading pour elle, toi qui nous habituais, toujours chantant – debout, volontaire, imprudent – à l’idée du pire depuis un an… Sur cette route où ta voix partagea (et continuera de partager) avec tant d’autres la bande-son de nos vies, rien ne change fondamentalement. Juste qu’il n’y aura plus, aux prochains virages, tes mots, tes notes, pour habiller nos nouveaux paysages.

 

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12 mars 2009 4 12 /03 /mars /2009 12:42
Entre les Watchmen de Zack Snyder et Gran Torino de Clint Eastwood, et quelques mois après The Dark Knight de Christopher Nolan, le cinéma hollywoodien s’interroge plus que jamais sur la figure du "vigilante", quitte à théoriser désormais très clairement sur les ambiguïtés droitières qu’il gommait jusqu’alors sous le vernis du divertissement et des figures imposées par le genre.
De Dirty Harry à Gran Torino, il y a pourtant un gouffre, qui passe notamment par l’abandon du genre policier au profit de la chronique banlieusarde. Si Eastwood joue toujours au justicier, s’il impressionne les sauvageons par sa seule dégaine, le détour par la fable humaniste, par les bons sentiments, vient rendre "acceptable" et "drôle" son personnage de vieux bougon raciste. On aime Gran Torino, certes, mais on est aussi en droit de le trouver plus qu'ambigu (lire ici une voix discordante plutôt bienvenue au sein de l’enthousiasme critique).
De l’autre côté, la bande dessinée d’Alan Moore et Dave Gibbons a plus de vingt ans, se déroule dans des eighties uchroniques, et pourtant on se dit, à la vision de cette adaptation plutôt réussie, que les questions passionnantes qui étaient soulevées par le scénariste de V pour Vendetta valaient bien qu’on s’y arrête encore aujourd’hui et qu’il n’y a guère que le look des justiciers et certains choix plastiques qui paraissent aujourd’hui anachroniques.
Revenant sur des mythologies populaires typiquement américaines – celle des super héros et celle du justicier dans la ville – les films de Snyder et d’Eastwood stimulent par leur manière de retourner soudain les coutures convenues du divertissement d’action hollywoodien, d’interroger ses fondements et sa propension à l’apologie de l’auto-défense. Plaisir du vieil acteur ridé à composer le pire des salauds, à jouer sur les souvenirs d'un spectateur compagnon de route, à ressortir la punchline assassine et le rictus afférent comme il le faisait, sans y réfléchir, il y a tant d’années. Mais comme pour se trouver des excuses, déplaçant le personnage ambigu des seventies dans les atours du cinéaste à Oscars (celui qu’il est devenu depuis Bird et auquel tout le monde excuse aujourd’hui ce retour du refoulé qui est aussi, sans doute, très calculé). Alors, cure de jouvence, petit film craché dans l’urgence, film de vieux réactionnaire ou tour de passe-passe auteuriste pour théoricien eastwoodien, Gran Torino pose toutes ces questions passionnantes sans jamais vraiment y répondre. À l’inverse, The Watchmen (comme l’été dernier The Dark Knight) se veut très lisible dans ses intentions et ne parle finalement que du pacte paradoxal liant les justiciers à leurs ennemis jurés, l’existence du Mal ayant pour principale et paradoxale vertu de légitimer leur fonction (voir les scènes entre Rorsach et Moloch, et bien sûr les motivations complexes du meurtrier, révélées dans la dernière bobine)…
Hasard du calendrier, ces deux films passionnants, et dont on n’attendait pas qu’il correspondent ainsi l’un avec l’autre, sont visibles en salles en même temps...

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6 mars 2009 5 06 /03 /mars /2009 12:31
Il y a ce tabouret. Comme à la Flèche d’or l’an dernier pour la sortie de l’album.
Il s’y assied, guitare électro-acoustique en bandoulière, entamant calmement le set avec quelques morceaux de son merveilleux groupe d’avant. Meow Meow, d’abord. Puis une superbe et méconnaissable version de La chambre, clavier, voix, guitare. Toujours sur le tabouret. Comme à la Flèche d’or l’an dernier pour la sortie de l’album. Un pied à terre, les deux parfois, pivotant doucement vers ses deux musiciens, derrière… Il ne se lève pas. Pas encore. Ses jambes battent en rythme, le corps se déplie peu à peu. On lui apporte sa guitare électrique. Échange. Le son se durcit. Son buste s’agite plus franchement, basculant presque de ce siège de bar auquel il reste pourtant appuyé. Les mouvements se font plus brusques, ses bras s’élèvent parfois bizarrement dans les airs entre deux accords, entre deux notes. On le sent plusieurs fois tout près de se dresser vraiment, le corps tendu vers son bassiste et son batteur, tandis que son cul reste rivé au tabouret. Il est trop tôt, mais l’envie de s’arracher à son siège est manifeste. L’énergie contrainte parcourt son corps de géant. La combustion est lente, mais l’explosion imminente. Tout un Bataclan se laisse gagner par l’électricité flottant alentour. Billy The Kid est dans les parages, en embuscade, il déboulera plus tard, on le sait déjà.
Puis, enfin, Rodolphe Burger se lève. Avant ou après cette puissante version de Cheval/Mouvement, je ne sais plus. Le roadie emporte le tabouret. L’ancien Kat Onoma s’empare de la scène. À droite, à gauche. Le concert est commencé depuis plus d’une demi-heure. Les trop longues digressions soniques et les samples orchestrés par le chanteur lasseront un peu. Mais les reprises de Love Will Tear us Apart de Joy Division ou du Passenger d’Iggy Pop (avec David Thomas de Père Ubu) enchanteront. Et la rage de l’assemblée explosera bel et bien lors du virulent Ensemble, diatribe jouissive contre le locataire élyséen. Généreux, donc, hier soir, mais un peu trop éparpillé, parfois longuet (le Radioactivity de Kraftwerk au premier rappel). Pas tout à fait, donc, comme à la Flèche d’or l’an dernier pour la sortie de l’album.


Voir le clip de Ensemble ici.

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    C’est à croire qu’il se passera presque toujours quelque chose d’exceptionnel à un concert de Bruce Springsteen avec le E Street Band, un truc singulier qui fera qu’on s’en souviendra très précisément à chaque fois. En 2003, au Stade de France, c’était...
  • Y retourner...
    Je sais, on ne se parlait plus trop ces derniers temps. Mais hier soir, il faut que je vous dise, je suis retourné à un concert. Un concert sans interruption, sans balles qui claquent et sans odeur de poudre. Et si mes oreilles ont sifflé encore un peu...