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6 juin 2016 1 06 /06 /juin /2016 18:37

Je sais, on ne se parlait plus trop ces derniers temps.

Mais hier soir, il faut que je vous dise, je suis retourné à un concert.

Un concert sans interruption, sans balles qui claquent et sans odeur de poudre. Et si mes oreilles ont sifflé encore un peu ensuite, c’est juste parce que voulant toujours tout entendre très distinctement (hyper-vigilance, quand tu nous tiens...), je ne les avais pas, cette fois, comme à l’accoutumée, protégées.

Pour vous, ultimes lecteurs d’un blog déliquescent, qui je vis hier importe peu. Pour moi, c’était essentiel. Il fallait un nom, une affiche, susceptible de me redonner et l’envie et le courage. Si Bruce Springsteen s’annonce dans un mois à Bercy, si très tôt après ce soir funeste de novembre je pris quand même des places pour The Cure cet automne, retourner hier au concert, eh bien c’était une première fois. Rien n’est réglé, loin de là, quelque chose est définitivement brisé, mais le plus surprenant est d’avoir réussi à vivre pleinement ce moment au présent. Pas au passé (hanté par un souvenir douloureux), pas au conditionnel (submergé par mes craintes), non, au présent.

Depuis six mois, les concerts ne me manquaient vraiment pas. Comme la musique au casque, dans les transports en commun ou dans la rue, je m’en passais très bien. D’ailleurs, une salle comme l’Olympia, sa fosse, c’était bien le dernier endroit au monde (ou presque) où j’avais envie de me retrouver. Mais la perspective, il y a un peu plus d’une semaine, de peut-être y voir un groupe qui se séparait quand j’entrais dans l’adolescence, un groupe mythique (écrivons-le) même recomposé aux trois quarts seulement, cela eu raison de mes peurs. Enfin, pour un temps seulement car la semaine qui suivit l’acquisition du précieux sésame fut un redoutable grand huit d’émotions paradoxales.

Mais on y est allé donc. Avec Bernard, avec Hélène surtout, laissant les enfants à la maison. Puis le concert a enfin commencé. Et face à ce groupe souvent moqué mais dont les morceaux ponctuent, avec ceux de quelques autres, la bande-son de ma vie, face à ce groupe dont l’ultime album est peut-être le premier disque de rock que j’ai vraiment désiré et possédé, quelque chose s’est envolé. Pour un temps. Et j’ai crié (Crache ton venin), et j’ai chanté (Un autre monde), et j’ai dansé (Le vaudou). Crié, chanté, dansé, comme un con, même – et surtout ? – sur La bombe humaine dédiée... aux « frères de Charlie et du Bataclan ». Cela aurait pu me heurter, m’irriter, cela aurait pu me bouleverser. Ça m’a juste fait plaisir. Simplement. Si tu avais su, Jean-Louis, hier, là, à ta droite près de la scène, pas loin de l’issue de secours évidemment...

Y retourner...
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commentaires

C
Merci Christophe pour un si beau commentaire. Et puis ça m'évite d'avoir à chercher mes mot qui, ces derniers temps ont du mal a venir facilement. Ça fait plaisir/du bien de te (re)lire.<br /> <br /> Bien sûr je n'ai pas les mêmes références de concerts que vous deux. Notre dernier concert ensemble c'était il y a bientôt 8 ans jours pour jours si je ne me trompe pas. Avec le Boss forcément. Et "Adam raised a cain" en intro pour faire bonne mesure.<br /> <br /> Entre temps j'ai revu le Boss à NYC, je l'ai raté aussi à NYC pour cause de tempête de neige. Mais j'attend juste le jour où on le reverra, ensemble, d'un côté ou de l'autre de l'atlantique. Même si j'ai un petit faible pour mon bord. Surtout parce que comme le dit si bien Jean Louis, "Un jour j'irai à New-York avec toi, toutes les nuits déconner !" <br /> "<br /> <br /> Bise mon pote, take care.
Répondre
S
Merci, Caroll, pour ces quelques mots. Le 11 juillet à Bercy, tu ne seras pas là, mais je penserai encore fort à toi. Comme à l'Olympia pour Téléphone, mais surtout comme à tous les concerts de Bruce à Paris depuis ton départ et depuis ce grandiose concert de 2008 au Parc des Princes. J'y allais certes le cœur plus léger le 5 juillet 2012, soir de la naissance de Lou. J'y retourne quatre ans plus tard, dans un Bercy qui a changé de nom et ce sera un peu dur, mais ce sera bien.
C
Dieu sait que tes chroniques en général et celles de tes concerts en particulier ont ponctué avec bonheur quelques unes de mes années de lecteur et d'amateur de musique. Elles m'ont fait partager tes émotions, m'ont ouvert de nouvelles perceptions, m'ont ravi, révolté (no stage diving !) ou m'ont fait rire (la même, tiens).<br /> Dire qu'elle me manquaient n'est pas faux alors qu'il y a trois semaines encore, je faisais découvrir deux précieux opuscules dans un groupe de mélomanes avertis et bibliophiles (Echantillonnage, Songbook).<br /> <br /> Il y a six mois des vies basculaient, la tienne particulièrement, la mienne vacillait un peu au souffle d'une déflagration dont je ne suis qu'au dernier moment passé au travers. J'ai depuis su transformer la culpabilité d'avoir séché en un petit supplément de goût de vivre, ce goût de vivre né du paradoxe de me sentir en vie et chanceux, ce goût de vivre qui me manque tant depuis quelques années. Je sais le cultiver ce supplément de vie en pensant à toi, si souvent, et à d'autres (Sylvain, Anna...). <br /> J'ai non vécu les moments indicibles même s'ils me collent aux basques encore dans les rares concerts où je vais, finalement (car je continue à sécher au dernier moment les spectacles pour lesquels j'ai pourtant mes places, ce qui m'a sauvé il y a quelques mois). <br /> <br /> Et par dessus tout je chéris des concerts "doudous", ces moments qui font bien, où la violence est atténuée par une énergie généreuse. C'était le cas il y a quelques jours avec ces amours de LCD Soundsystem.<br /> Et je suis assuré que c'eut aussi été le bon choix avec la bande à Jean-Louis. <br /> <br /> Tu as engagé un pas courageux et précieux cher Stéphane, et ton récit de concert est loin d'être au rabais par le choix de ces artistes certes souvent snobés. Tu as engagé un pas précieux et courageux : reprendre ta place, ta présence dans ce qui te fait vivre, nous fait vivre : les concerts. Nous partagions il y a quelques mois encore Dominique A dans un concert semi acoustique étonnant bien qu'un peu sec, petit moment de vie qui s'était aussitôt inscrit dans mon petit Panthéon personnel (parce que lui, parce que dans cet auditorium de bois, parce qu'avec toi aussi, fier comme j'étais). <br /> Tus as engagé un pas précieux pour vivre, et le choix de Téléphone est des meilleurs parce qu'ils t'ont accompagné depuis ton adolescence et tu les savais amis. Ce le fut, à te lire, des amis retrouvés dans ce concert de la redécouverte.<br /> <br /> Je te souhaite d'autres concerts encore, et des étonnants, des cocoonants, des jouissifs. Certains seront mauvais, d'autres hors du temps. Et tu en partagera encore certains dans tes chroniques, je l'espère.<br /> Cette vie des spectacles de rock t'est tellement particulière et symbiotique que je te le dis, je te le redis même : plus que content, je suis heureux d'avoir lu cette chronique. <br /> heureux pour toi, pour ta vie et celle de tes proches.<br /> <br /> Et pour Jean-Louis, aussi !
Répondre
C
Même si ça ne m'a pas empêché de relayer cette chronique sur fb :-)
S
Ah ! Christophe, quel plaisir de lire un commentaire (ce commentaire ! qui me va droit au cœur) sur ce blog et pas sur FB. Ça rappelle le bon temps. ;-)

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