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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 12:33

beatle bassC’est sidérant. C’est la pire chanson des Beatles, celle que l’on saute toujours sur le White album, et c’est pourtant alors, pour elle, juste pour elle, que tout Bercy se lève pour la première fois depuis une heure et demie. Et moi, je chante aussi. Sur Obladi Oblada. Même pas honte ! En secret, j’espérais qu’il nous épargnerait cela ce soir-là. Eh bien non. C’est horrible. Pourtant, oui, il faut le faire une fois dans sa vie. Gueuler avec Macca et 17 000 autres personnes "Obladi Oblada, Life goes on, la-la-la-la, Life goes on". Chanter ça, donc, et perdre toute dignité. Même Patrick Bruel, à quelques mètres, en haut, dans les gradins, a l’air perplexe. Nous, au point où l’on en est, on s’attend presque à voir Patrick Sébastien débouler hilare sur scène. On se souvient aussi, dans un flash honteux, qu’enfant on adorait Live is Life de Opus, que chanter Obladi Oblada, c’est un truc aussi rare dans une vie que de danser la Lambada bourré. Obladi Oblada, c’est une grande rasade de mauvais goût dans laquelle on se vautre avec délice…

Sinon, quoi ? Ben voilà, j’ai vu Paul McCartney en vrai. Et ça ne m’a pas fait grand chose finalement. Même si nombre de standards des Beatles et des Wings y sont passés, même si le sexagénaire a joué sans s’essouffler durant 2h40… Le temps, pour moi, quand même, de me rendre compte que le mauvais goût ne pardonne pas. Enfin, qu’il gâche tout du moins une partie du plaisir attendu…

Bon, les quatre Beatles représentés en images de synthèse comme dans le jeu Rock Band, à la limite ça passait encore (un clin d’œil malin à la culture pop aujourd’hui, mettons), mais quand Paulo ne trouva rien de mieux à faire que d'interpréter sa nouvelle chanson sur les images du prochain film de Robert De Niro, on ne savait plus trop si on était à un concert du second frère Lumière de la musique pop ou à un séminaire Live Nation et associés destiné à nous vendre qui un jeu vidéo, qui un film, qui un live à NYC fraîchement disponible dans les bacs… Les écrans géants derrière la scène, c’est bien là que le bât blessait : parce que le diaporama Windows de jolis couchers de soleil et de beaux paysages accompagnant The Long and Winding Road nous a fait autant marrer que les insupportables chromos parisiens projetés durant Michelle ou que les bougies géantes pendant Let it Be.

Si les images habillant le spectacle réussissaient parfois à gâcher les merveilles des Beatles, on ne peut passer sous silence le grand carnage de la soirée. C’est Eleanor Rigby qui en fit les frais. Comment un mélodiste comme McCartney ne réalise-t-il pas qu’il salope un chef-d’œuvre en faisant jouer les somptueux arrangements de cordes par son pauvre clavier ? Laisse, Paul, c’était pas grave si tu l’arrangeais autrement, si tu la malmenais un peu… Franchement, tu as été plus inspiré quand tu nous a joué Blackbird seul à la guitare acoustique. Comme c’était beau alors. Tu aurais dû faire pareil avec le morceau-phare de Revolver

Ainsi, plutôt que les explosions, les canons et les pétarades à la AC/DC qui ont résonné durant Live and Let Die, on aurait préféré que le budget dispendieux du show passe dans un ou deux musiciens supplémentaires. Las, le groupe (compétent pourtant) restera tout du long ce quartet efficace et un peu lourdaud, qui,  à plusieurs reprises, nous aura donné envie de lancer un moratoire sur l’utilisation des claviers dans les groupes de rock. Mais tout seul dans la fosse, on le sait bien, personne ne vous entend crier…

J’ai l’air déçu comme ça, mais, non, avec B. et S., on a passé bon moment quand même. On a bien aimé la citation du Foxy Lady de Hendrix à la fin de Let Me Roll it, on a été assez touché par les deux chansons dédiées à John et à George tout en se disant que Ringo est vivant heureusement, sinon on aurait peut-être dû se fader Yellow Submarine

Alors, malgré tout ça, c’était McCartney ! L’entendre, le voir, chanter Hey Jude, Got to get You Into my Life, Drive my Car, Yesterday, Day Tripper ou Paperback Writer, ce ne fut pas rien. Et les fautes de goût manifestes n’ont pas empêché quelques extases passagères culminant avec l’exécution plus qu’inattendue du B-A-BA du hard rock, Helter Skelter, au rappel. Quant au riff malin de Let Me Roll it, je n’arrive pas à me l’ôter de la tête depuis ce matin.

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commentaires

W
<br /> <br /> @Ska : je suis d'accord avec vous, mais votre article comporte une erreur. En effet, vous êtes systématiquement décalé d'un album. Ainsi, le meilleur album de AIR n'est pas 10'000 hz Legend mais<br /> celui d'avant (Moon Safari), et leur pire n'est pas Pocket Symphony mais le suivant (LOVE 2). Ce petit rectificatif fait, je vous remercie.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> Merci pour les conseils, je suis preneur, j'ai tout noté !<br /> En fait, tout ça me fait penser qu'il n'est pas toujours évident de retrouver un vrai désir, ce dont j'ai besoin, pour ce qui est archi-connu, voire surtout reconnu, et peut-être encore plus quand<br /> c'est accessible, à portée de main. Et je ne crois pas que ce soit nécessairement une question d'attitude "snob", ce n'est pas un travers que je pense me trimballer. Je ferais une analogie avec :<br /> un parisien rate souvent ce qui se passe à Paris, comme une expo, parce que c'est là, qu'il peut à tout moment, qu'il ira la prochaine fois, et finalement quelque chose se dilue... Je ne sais pas.<br /> Cela a à voir avec la société de consommation aussi, je crois...<br /> Bref, s'il faut évidemment veiller à ne pas laisser sa curiosité s'endormir, c'est parfois plus compliqué pour les endroits où l'on s'imagine que l'on se rendra nécessairement un jour. Quelque<br /> chose comme ça avec les Beatles. Dans ces cas-là, je préfère attendre d'avoir une forme de petit "déclic", on ne sait jamais ce qui le produira... Et donc, me voilà enfin tout excité à l'idée de<br /> commencer à écouter les Beatles, dont j'ai en effet pu "entendre" quelques chansons, mais je ne prête pas trop d'attention à ce que je "n'écoute" pas.<br /> Merci Ska ;-)<br /> (Beaucoup aimé lire le commentaire précédent aussi)<br /> <br /> <br />
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S
<br /> C'est très juste Marion... Plaisir de voir McCartney en forme et généreux, mais déception de pas le voir génial et, surtout, de ne pas se sentir si ému que cela (le seul moment où je l'ai été<br /> vraiment, ce fut pendant Helter Skelter)... C'est le sentiment ambivalent que j'ai eu à l'issue de ce concert...<br /> Quand j'ai vu pour la première fois Bowie sur scène, j'avais vraiment ces frissons d'être face à une légende jouant pour moi un juke-box intime truffé de tubes historiques... Cette émotion  je<br /> l'ai eue aussi au tout premier concert parisien de la reformation des Stooges. Rien de tel donc face à McCartney, et pourtant c'était - hormis quelques fautes de goût - un excellent concert...<br /> Peut-être en aurait-il été autrement sans ces maudites projections et si le groupe avait été un peu plus inspiré...<br /> <br /> <br />
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M
<br /> que dire... ton article est malheureusement tellement vrai... <br /> j'y etais aussi et j 'attendais cet evenement depuis pres de deux ans....<br /> j ai voulu me dire naivement que les images du beatles rock band correspondaient a l emerveillement d un grand enfant devant son avatar en 3d et non d 'une manipulation a fins commerciales,<br /> n'importe quoi pour me dire que Sir Paul chantait encore avec tout son n coeur et toute son ame....<br /> Exit le visage lifté, les cheveux teints, j'ai essayé de fermer les yeux et d oublier les 18 000 personnes autour de moi et surtout l'impression grandissate et effrayante que je n'avais en face de<br /> moi qu'un homme décidé a user jusqu a la moelle le concept des beatles, a grand coup d'images de jeu video, de mélodies chantées depuis 40 ans (sans aucune espece d emotion)  et de pub pour<br /> une (tres mauvaise) chanson pour le prochain film de DE NIRO. <br /> Pourquoi? Parce que j'ai 24 ans, que tout cela n est pas de ma génération mais que contrairement a tous les fan de la premiere heure qui ont eu le temps de voir mc cartney vieillir, c'etait la<br /> premiere fois que je voyais une de mes references musicales sur scene... et que , comme tous les jeunes comme moi qui ont grandi en écoutant les beatles bien apres leur separation, je voulais me<br /> dire que le mc cartney que l'on voit sur le toit d'abbey road ou dans le clip de the fool on the hill existait encore quelque part, avec son énérgie, son génie et son sourire craquant...<br /> Evidemment, à 67 ans, on ne peut pas etre et avoir été, c'est ainsi. L'energie est toujours là, bien sur, 2H40 de concert sont là pour nous le prouver. et j'avoue avoir été<br /> rassurée  apres 2H30 de froid glacial et d'attente et le cout relativement élevé du billet , qu'on ait eu le droit a un VRAI concert avec rappels.<br /> J'ai été émue au larmes devant something, et j ai hurlé de joie aux premieres notes d 'helter skelter.<br /> Je te rejoins sur pas mal de point, dont eleanor rigby que g trouvée a chier niveau instru...<br /> Ta reflexion sur obladi oblada m a beaucoup fait rire, pour moi elle represente la premiere chanson des fab four que g apprise par coeur a l'époque ou l album blanc de mes parents tournait sur la<br /> platine.... outre l'attachement sentimental que je lui porte, il est evident que c'est loin d etre la meilleure  !!! <br /> Dans l'ensemble, c'etait un super concert....<br /> mais bizarrement, il n'y avait pas le mc cartney qui m' a fait rever jusque là  .... j'ai juste vu l'ombre d'une grande fortune décidée a s'enrichir un peu plus. <br /> Et merde... ça me fait tellement mal d'écrire ça ! <br /> <br /> <br />
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S
<br /> Pour peu que tu aimes ce que tu entendras, je t'envie d'avoir l'occasion de découvrir toutes ces merveilles... En rock, comme en films, il y a tant de "classiques" à découvrir encore, toujours...<br /> En même temps, je suis sûr que tu connais déjà quelques dizaines de titres des Beatles... En tous cas, si tu commences par les Beatles, moi, je te conseille Rubber Soul, Revolver, Abbey Road... Et<br /> de McCartney solo, Ram ou Band on the Run...<br /> <br /> <br />
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