Si on me demandait ce que c’est que le rock'n'roll, j’emmènerais illico la personne me posant cette question assister à un concert de
Supergrass. D’aucuns citeraient d’autres groupes. Moi, c’est la clique à Gaz Coombes. Sans hésitation. Je n’ai jamais vu, sur scène, une telle sincérité, une telle énergie, un tel plaisir à
jouer, à partager la musique avec l’auditoire. D’aucuns citeraient d’autres groupes. Moi, c’est la clique à Mick Quinn.
Donc Supergrass vient de sortir son nouvel album. La plupart des gens s’en foutent. Supergrass, ils sont arrivés un poil de rouflaquette après la britpop et ils n’ont pas publié leur
Definitly Maybe, leur This is Hardcore ou leur Think Tank… Pourtant, le disque était attendu avec pas mal d’appréhension puisqu’on se souvient que l’été dernier, Mick
Quinn, bassiste/choriste irremplaçable, avait eu la bien mauvaise idée de passer par une fenêtre lors d’une crise de somnambulisme. Dos pété, rééducation. Les autres tournèrent sous un autre nom
le temps qu’il se remette. Mais qu’en serait-il de l’album ?
Après Road to Rouen et sa tournée semi-acoustique, on parlait d’un retour au rock des premiers albums. Et, pour moi, I Should Coco, le premier disque d’un groupe alors trio, a
quand même la valeur d’un classique. Eh bien, ça commence en effet dans cet esprit-là. Le riff d’entrée, celui de Diamond Hoo Ha Man, évoque les White Stripes et quand la grosse caisse
vient le rythmer, on pourrait penser s'être trompé de disque. Sauf que les petites inflexions funks de la guitare de Gaz dissipe vite le doute ; et quand explose le refrain, on se rappelle que
Danny Goffey, batteur sur roulements, est bien plus proche de Keith Moon que de la métronomique Meg White. Dommage, pourtant, car alors qu’il s’achève, on ne sait pas encore que Diamond Hoo
Ha Man sera le meilleur morceau d’un album un brin dévevant. Bad Blood et Rebel in You, qui suivent, sont de bons morceaux de Supergrass, mais, déjà, on se dit que le
disque ne nous surprend pas vraiment, qu’on y entend juste ce que l’on attendait. Et que c’est quand même beaucoup moins bien qu’avant… Impression renforcée avec des ballades dispensables
(When I Needed You, The Return of…, bien en-deça des morceaux mid-tempo de Road to Rouen). Bien sûr, il y a toujours ces refrains explosifs comme eux seuls savent les
composer (345), mais l’impression qui se dégage assez vite est celle d’un groupe privilégiant le pilotage automatiques aux embardées risque-tout de la remise en question. On rapproche
souvent – et à juste titre – Supergrass de T-Rex (Life on Other Planets étant l’album où la parenté était la plus manifeste). Mais point de Cosmic Dancer ici. Que des Get it
On... Et la réécoute de Road to Rouen (album un peu sous-estimé) pendant l’écriture de ces lignes, donne une vilaine claque à ce nouveau disque s’achevant péniblement avec deux
morceaux sans surprise (Outside et Butterfly, indignes des ouvertures promises par Tales of Endurance ou Roxy sur l'album de 2005).
Pourtant, les quelques images récentes du groupe, les montrent toujours aussi incandescents, toujours aussi classes. Bref, vivement la tournée…