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If today was tomorrow...

 

Dès l'entame, qui n'est peut-être qu'une fin ("If today was tomorrow"), un personnage inquiétant, comme échappé de Lost Highway, déclare "chercher un accès". On ne saurait mieux dire. Car à la vision d'Inland Empire de David Lynch, il y a cette impression inédite d'avoir trouvé l'accès, d'ouvrir la porte d'un pays du Cinéma jusqu'alors inexploré et où il est à la fois déconcertant et fascinant de s'aventurer.

Replis, envers, recoins. Les seuils à franchir, les dimensions parallèles, les brouillages de l'espace et du temps sont justement au coeur d'un film dont la texture formelle hybride vient attaquer nos habitudes, pervertir les codes du bon goût et brouiller la cartographie qu'on avait jusqu'alors dressé avec peine du paysage "lynchien". Dépasser Mullholland Drive paraissait inenvisageable. Inland Empire réalise l'impossible et part encore ailleurs, tout en restant dans le prolongement de la trilogie entamée avec Twin Peaks, Fire Walk With Me...

S'il fallait chercher un équivalent à cette expérience de spectateur incroyablement stimulante, ce serait une émotion de lecteur, celle ressentie il y a quelques années à la lecture du livre-vertige de Mark Z. Danielewski, La Maison des feuilles. Des espaces qui se retournent, qui communiquent dans une paradoxale logique, le refus de la linéarité, la remise en cause du repère-personnage pour privilégier abstraction, émotions, intuitions et affects. Deux oeuvres/mondes, croisant les disciplines artistiques, où l'on n'a pas fini de se perdre...

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S
D'ailleurs, Lynch s'est déjà planté... Je n'aime pas du tout Une histoire vraie par exemple... Je sais que beaucoup le défendent, mais, moi, c'est comme ça, je n'y arrive pas...
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D
Non, je n'ai pas encore osé lire non plus O Révolutions...Je préfère sans doute attendre d'avoir oublié la réception de ce livre, ou que le prochain sorte, je ne sais pas : quelque chose qui permette le recul, et désamorce, aussi, le risque d'une déception trop forte, si forte même qu'elle en deviendrait peut-être particulièrement injuste...Et pourtant Lynch a fait Inland après Mulholland ! Mais peut-être ne "connaissons"-nous pas encore assez Danielewski pour avoir la même foi après un tel coup d'éclat... Quelque chose  aussi comme : si Lynch se plantait, il faut bien aussi qu'il ait droit à l'erreur, nous retournerions sans doute avec ferveur voir le suivant ; et si nous n'aimons pas O Révolutions, la "relation" serait davantage fragilisée... :-)
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S
Oui, le rapprochement entre ces deux oeuvres s'imposait, pour moi, d'emblée.Par contre, je n'ai pas osé partir explorer le dernier Danielewski, O Révolutions, dont les critiques n'étaient pas très bonnes. L'as-tu lu ?
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D
Quel beau droit au but, ce billet !Je vénère Lynch, et Inland Empire, donc je souscris à fond.La maison des feuilles, quand même, yeah, c'était pas rien...Quant à rapprocher les deux sur la nécessité de faire table rase de ce que l'on avait intégré, malgré soi, de formatages divers et variés : over-d'accord.
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S
Eh bien, bienvenue...Quant à Ska, ça n'a en effet rien à voir avec le genre musical en question, c'est juste un truc d'initiales en rapport avec mon vrai nom. Les pseudos sont trompeurs... ;-)
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