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Dans le viseur de John McTiernan

 

On le sait, John McTiernan, réalisateur adulé de Predator et de Die Hard – les deux films qui inventèrent et enterrèrent dans le même mouvement le film d’action hollywoodien des années 1980 – n’avait plus tourné depuis 2003, prisonnier de rapports de force en sa défaveur avec les studios puis, surtout, d’une sombre histoire d’écoutes téléphoniques qui lui valut de passer une année en prison pour avoir menti au FBI.

Depuis sa libération en 2014 et l’annonce de son retour à la réalisation, on n’y croyait guère, guettant pourtant ses interventions perchées, ses déclarations définitives sur l’état du cinéma hollywoodien, au gré d’invitations à la Cinémathèque Française, en festivals ou de propos relayés par ses fervents supporters. Pour donner une idée de notre perplexité, la perspective de voir sortir un jour un nouveau long métrage signé McT rivalisait avec la promesse d’un nouvel album studio de Michel Polnareff, c’est dire. Un truc de génie décati qui à la fois ferait envie mais qu’on appréhenderait surtout très fort tant on redoutait que le cinéaste ne soit plus, artistiquement, techniquement, que l’ombre de lui-même.

Pourtant, voilà bel et bien un nouveau film signé John McTiernan. Et peut-être se trompait-on. Ce film, calmons-nous, n’en est pas vraiment un. C’est une bande-annonce pour un jeu vidéo sortant en mars et dont, avouons-le, on se contrefiche. Une publicité donc – n’ayons pas peur des gros mots – qui serait aussi un film à chute photographié par Jeff Cronenweth, chef-opérateur régulier de David Fincher depuis Fight Club. 1’30 d’un exercice de style qui prouverait que le cinéaste a toujours son œil, ce sens de l’espace et du découpage imparables, et que son ironie glaciale est plus que jamais affutée. Si le film convoque les atmosphères viriles et guerrières de sa filmographie passée, on s’amusera du raccord fait par le cinéaste avec un pan de pop-culture qui a continué, de vidéos de chatons en cinématiques de jeux-vidéo, à se faire sans lui. En opérant cette improbable jonction en un geste malin et fulgurant, McT intrigue. Et ce petit film – anecdotique pour nous mais sans doute essentiel pour lui – de presque commencer à nous consoler de sa trop longue absence. À suivre donc.

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