Bourré à craquer le Trabendo pour le retour de dEUS à Paris. La polémique qui vient de Belgique quant à l’absurde embargo imposé aux
journalistes par Universal, on s’en tape. L’un des meilleurs groupes du monde joue ce soir à Paris. Et les morceaux de Vantage Point, découverts depuis lundi, bourdonnent déjà dans mes
oreilles, en rotation lourde. Evidents, savants, terriblement accrocheurs, ils prendront un relief prodigieux à l’épreuve de la scène : du tubesque The Architect jusqu’à l’ultime
morceau de l’album, Popular Culture, joué en dernier pour le second rappel et rappelant enfin, après les explosions soniques et les arrangements tortueux, la douceur et la science
mélodique de Little Arithmetics. Dans cette salle à la configuration si étrange, cerné par le public, Tom Barman semble s’amuser, se lâcher. C’est un bon soir. Le leader de dEUS est
d’humeur dansante. Et Dieu sait si on l’a connu plus crispé.
Il apparaît assez évident que ce groupe enfin stabilisé, après de nombreux changements de personnel, n’a qu’un défaut tout relatif : celui de venir de Belgique. Si dEUS était un groupe
anglais ou américain, gageons que ce ne serait pas au Trabendo qu’ils joueraient ce soir-là, mais juste à côté au Zénith… Ce n’est pas le cas. Tant mieux. A côté des nouveaux morceaux tous
remarquables, le groupe aligne ses classiques avec autant de fougue que de classe : Fell off the Floor, Man, Instant Street et son irrésistible crescendo, Theme From
Turnpike, For the Roses, Suds and Soda…
Et les souvenirs de ce groupe-compagnon affluent en vrac. Douze ans dans mon rétroviseur intime. La découverte du groupe via un cd des Inrocks où explosait Fell off the Floor, Man (ce
morceau, je crois que je ne m’en remettrai jamais) ; un show-case acoustique à la Fn*c Bastille ; les concerts de la fin des années 90 à la Cigale ou au Festival de Saint-Nolff, quand le
beau Stef Kamil Carlens, parti depuis fonder Zita Swoon, faisait encore partie du line-up originel ; l’enchantement pop de The Ideal Crash ; le retour raté mais émouvant de la Route
du rock 2004 ; la projection du long métrage d’un Tom Barman revenu au quasi-anonymat sous ses frusques de cinéaste au mk2 Beaubourg ; le concert de l’Olympia, Arno dans la
salle, pour la sortie de Pocket Revolution ; celui de Paris-Plage il y a bientôt deux ans, où, divine surprise, SKC vint rejoindre Tom Barman pour enfin, frères ennemis
réconciliés, rechanter avec lui Suds and Soda.
A voir le groupe jeudi soir, je me dis que la liste de ces bons souvenirs n'a pas fini de s’allonger.