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Led Zeppelin Live at the Royal Albert Hall (Peter Whitehead)

On n’aura peut-être pas vu le concert de reformation de Led Zeppelin à Londres le 10 décembre 2007, mais, ce soir, on se sera téléporté en 1970 pour voir le quatuor encore balbutiant filmé par Peter Whitehead dans la capitale britannique.
Led Zeppelin Live at the Royal Albert Hall était donc projeté à l’Ecran de Saint-Denis, ce soir, dans le cadre du très recommandable festival Combat Rock. Belle salle, grand écran, son énorme, on n’aura jamais vu et entendu Led Zep d’aussi près.
Ce film assez rare que l’on peut voir morcelé sur YouTube (c’est déjà ça), je l’avais raté l’an dernier à la Cinémathèque Française où il était montré dans le cadre de la rétrospective consacrée au cinéaste anglais qui a inspiré à Antonioni le personnage interprété par David Hemmings dans Blow Up.
A l’heure du montage pétaradant, des petites caméras et de la recherche d’angles de vues aussi variés - et improbables - que possible, le film de Peter Whitehead lave notre regard de tant de médiocres captations et des codes télévisuels dévolus à la musique filmée. Le filmage de Whitehead s’avère en effet aussi vintage que la Les Paul de Jimmy Page. Deux caméras 16 mm portées à la main et c’est tout. Résultat : le film est brut, dénué presque totalement d’afféteries. On se demande pourquoi Led Zeppelin et Peter Grant, qui l’avaient commandé à Whitehead, n’en voulurent finalement pas. "Trop sombre", dirent-ils. A moins que ce soit plutôt parce que le groupe s’y présentait alors dans le plus simple appareil, pas encore décidé sur son look (le fameux pull jacquard sans manche de Jimmy Page), pas encore esclave des attributs de la légende.
Quoi qu’il en soit, le film est un document formidable sur un groupe saisi au complet, souvent rassemblé d’ailleurs dans le plan. Uni, soudé, implacablement lié, cimenté par cette rythmique massive assurée par Bonham et Jones. Il est frappant de comparer ce film-là à Ziggy Stardust and the Spiders From Mars de D.A. Pennebaker (1973), film littéralement hypnotisé par Bowie et ne montrant presque jamais les musiciens qui le secondaient. Rien de tel dans le film de Whitehead, où l’ennui pointerait presque dès que le quatuor est destabilisé, dès que l’élan collectif laisse la place à la performance individuelle (les morceaux en solo de Page et de Bonham). Ce sont ces passages-là que l’on zappe dans les bootlegs du groupe, ce sont aussi ces moments-là qui apparaissent comme les plus faibles dans le film. Comme si l'énergie du cinéaste se dévidait dès lors que son projet doit se focaliser sur un seul membre du groupe.
Car Led Zeppelin est, plus qu’aucun autre groupe – bien plus même que les Who – la somme de quatre individus, une formation dont le line-up jamais ne changera, qui ne s’éparpillera pas dans les projets annexes, et dont la course ne sera stoppée que par la mort de l’un d’entre eux.
Par une mise en scène qui lui est paradoxalement dictée par le peu de moyens dont il dispose, Peter Whitehead traduit déjà cela. Il n'y a pas de place pour une cinquième personne ici. S’il veut filmer le groupe, ce sera en contrebande, en se frayant un chemin sur la scène, en se planquant derrière Bonham, en filmant de la fosse, en cadrant comme il le peut cet événement auquel il ne peut participer. Il est évident dans Live at the Royal Albert Hall que Led Zeppelin ne se plie à aucune consigne. En 1970, le groupe se contrefoutait des deux caméras, il n’y avait pas de place pour la mise en scène. Cela viendra plus tard. C’est tout le talent de Whitehead d’avoir réussi, malgré tout, à filmer ce concert exceptionnel.


Les premières minutes : We're Gonna Groove
 
 
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M
c'est vrai qu'il manque forcément la moiteur de la salle mais l'energie passe quand même je trouve. La sincérité de jeux du groupe doit y être pour quelque chose. Et tout ça avec 2 caméras... Ce qui prouve une fois de plus que le talent n'est pas une histoire de moyen !
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S
Salut Ziggypop, ça faisait longtemps que tu n'étais pas passée par ici...San Francisco, donc. Cool ! Ce blog devient international !  :-)Concernant la reformation de Led Zep, oui, c'est forcément bizarre, mais apparemment Jason Bonham serait un assez digne successeur de son père. Ils sont trois sur quatre. C'est pas mal, mieux que les Who ou Queen reformés (qui tournent à deux sur quatre de la formation d'origine...). Donc, s'ils passent par Paris, je pense que j'irai les voir. Même si, bien sûr, ce sera un ersatz de ce que c'était avant. Mais, voilà, quand les images ci-dessus ont été filmées, je n'étais pas né et quand Led Zep sortait ses meilleurs disques, je n'étais pas bien vieux non plus... Alors, va pour le revival ! Je m'en contenterai...Quant à Robert Plant, pour l'avoir vu récemment sur scène, il assure toujours. Vocalement et scéniquement, ce n'est pas le naufrage d'un Polnareff par exemple... Et ses albums en solo sont très bons (même si j'aime moins celui - country - qu'il vient d'enregistrer avec Alison Krauss).
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Z
Alors moi les live en video si c'est mal fait bof... mais la ce que je trouve d'assez interessant mine de rien, c'est de voir la preformance de ce groupe (forcement incroyable...) cote scene... alors bien sur comme dirait christophe il manque la chaleur la moiteur de la salle, mais je te rejoins ska, je crois que le but du real etait de montre le cote brut de leur musique... ca n'enleve en rien le talent de la bande a bonzo... par contre ca leur donne peut etre un cote plus humain qu'ils n'ont plus, etant considere pour beaucoup comme des dieux vivants...Par contre, j'ai lu qu'ils comptaient faire leur retour sur scene et c'est, je trouve, ridicule... led zep ss bonzo c plus led zep... eux meme l'ont dit, yen a un qui meurt ou qui arrete, le groupe s'arrete... et puis quoi... j'ai un peu peur du resultat... il a plus la meme voix le robert... je ne sais pas, j'ai un peu peur... cest drole cette maniere qu'ont les gens de vouloir a tout pris revivre le passe... j'adore led zep, vraiment je les cheris, mais j'irais pas les voir en concert...Quant a l'autre scorcese... no comment! C'est ridicule...Je crois que c'etait tout ce que je j'avais a dire...Peace de San Francisco!
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S
Oui, c'est vrai que le film The Song Remains the Same est assez ridicule... On voit bien où Rob Reiner a trouvé l'influence de Spinal Tap (film auquel on songe aussi lors du Moby Dick de Bonham, même filmé par Peter Whitehead). Et l'album n'est pas très bon non plus. Il y a quantité de bootlegs qui sont bien meilleurs...Oui, Scorsese filmant les Stones, ça promet un truc assez triste. Un cinéaste devenu assez quelconque et académique filmant un groupe vivant sur un glorieux passé... Mouais... Alors que j'ai vu justement, lundi soir à Combat Rock, Charlie is My Darling, un documentaire de Peter Whitehead (encore lui) sur les Stones en tournée en Irlande en 66... Immersion totale du réalisateur. Du vrai cinéma "direct". Tout l'inverse de ces très mauvais documentaires rétrospectifs (je pense au Joy Division de Grant Gee, qui sort bientôt, et dont la triste facture télévisuelle - interviews en studio, montage d'archives, etc - rappelle le film sur Joe Strummer sorti l'été dernier). Comme quoi, filmer le rock, c'est souvent plus convaincant quand c'est un contemporain du groupe qui le fait (voir DOA de Lech Kowalski ou le mythique Rude Boy avec les Clash...).Enfin, Christophe, quand je parlais des "nouvelles" manières de filmer les prestations live, je ne pensais pas au film des Beastie Boys (que je n'ai pas vu), mais plutôt aux montages type "Taratata" (une manière de filmer déjà vieillie d'ailleurs) qui ont contaminé la plupart des capatations live que l'on peut voir en dvd...
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C
"A l’heure du montage pétaradant, des petites caméras et de la recherche d’angles de vues aussi variés - et improbables" Penses-tu à "Awsome I fucking shot that !" le dvd live des Beastie où ils ont fourni à une cinquantaine de spectateurs des DV, répartis dans le Madison SG, l'ensemble mixé par Nathanial Hörnblower (pseudo de MCA, aka Adam Yauch). Pour avoir vu un petit paquet de concerts des 3 BB :<br /> - ça ne rend pas la folie sur scène (de plus en plus aseptisée au fil des ans, reconnaissons le)<br /> - c'est difficilement supportable visuellement ce côté haché YouTube (remarquez, on en fait des blockbusters de SF de ce procédé maintenant :-/ ), tout le monde n'est pas Lars von Trier<br /> - l'écran est trop plat, et il frustre l'ambiance de pénétration d'un concert. Manquent aussi la chaleur moite d'une salle de concert, le bourdonnement, la cohue (ou l'impression de cohue, même quand on est assis dans les gradins), le son enveloppant (et pourtant j'ai 150 W en quadri dans mon salon, avec aucun voisin à moins de 300m !).<br /> <br /> Bref : on se fait chier sur ces concerts filmés, même quand le sujet est intéressant (mon Dieu, j'ai honte d'avance que Scorsese ait filmé les Stones 40 ans trop tard). Ce n'est intéressant qu'à titre mémoriel (traces d'époque, preuves que ça a été fait).<br /> À la limite, on préférera les pseudoconcerts comme Pink Floyd à Pompéi, au moins on sent qu'ils jouent pour des ciné(télé)spectateurs.<br /> <br /> 4m5
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