Depuis quelques jours, quand je fais la vaisselle, un disque m’accompagne
idéalement. Oh ! non, ce n’est pas se moquer que d’écrire cela. Alors que je n’attendais plus rien, mais alors vraiment plus rien, de Air, leur plaisant Love 2 est venu s’inviter
plusieurs fois dans la cuisine au moment de la quotidienne et exaltante tache ménagère qui nous permet, quelques minutes durant, de pleinement profiter du disque que l’on écoute alors. Sans doute
cette agréable galette (une jolie tapisserie auditive diront certains, et ils n'auront pas tort) viendra-t-elle même squatter le salon un de ces jours. Si, si, je vous assure. J’ai l’air de plaisanter comme ça, mais le fait est que le dépit consécutif à leur piètre Pocket
Symphony (Ah ! Mer du Japon, qui me rappelait tant le générique de San Ku Kai) laissait pas mal de possibilités de rabibochage entre les Versaillais et moi. Ça n’a pas
loupé. En durcissant un peu leur son, en ressortant la basse au médiator chère à Herbie Flowers, en préférant les longues plages instrumentales à leur indéniable savoir-faire pop, Air se
réconcilie – mollement certes mais quand même – avec ceux qui ne se sont jamais vraiment remis de 10 000 Hz Legend, leur chef-d’œuvre. Bien sûr, Jean-Benoît chante (qui a dit zozotte ?) encore un peu trop et on se dit, pendant les chouettes
singles Sing Sang Sung ou So Light is Her Footfall (et sa basse monstrueuse), que "french touch" ne devrait pas rimer avec accent anglais hésitant. Même si c'est craquant, même
si c'est charmant. Heureusement, en douce, les instrumentaux ont aussi repris l’avantage (ouais !!!), et tout cela vaut mieux qu’un nouveau disque de Darkel, décevant et anecdotique side-project
solo de Jean-Benoît Dunckel. Ici, Air flirte très directement avec l’illustration sonore seventies, son génie et sa vulgarité
(Tropical Disease, clin d'œil au cinéaste Apitchapong Weerasethakul et à son sublime Tropical Malady ?), et c’est souvent assez jouissif, notamment quand leurs bricolages
érudits ravivent le souvenir du Soul Impressions de Janko Nilovic (Do the Joy) ou de chouettes B.O. aux intonations moriconiennes (c'est frappant bien sûr avec les guitares de
Be a Bee ou de Eat my Beat). Bref, Love 2, ce n’est pas le grand disque qu’on n’attend malheureusement plus de Nicolas Godin et
Jean-Benoît Dunckel, mais une digne face B à la fantastique B.O. de Vampyros Lesbos signée Manfred Hübler et Siegfried Schwab. C’est déjà pas mal, en fait…
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Il est vrai que l'on peut autant hésiter entre Moon Safari et 10000 hz Legend qu'entre Pocket Symphony et Love 2. Sauf qu'à une grosse dizaine d'année d'écart, Air est passé du statut de duo<br />
emballant (et je pense aussi au disque avec Alessandro Baricco que j'adore) à celui de produit essoufflé et convenu...<br />
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Reste que les concerts de la Cité de la musique en juin (particulièrement celui avec Jarvis Cocker) m'ont quand même pas mal réconcilié avec eux...<br />
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@Ska : je suis d'accord avec vous, mais votre article comporte une erreur. En effet, vous êtes systématiquement décalé d'un album. Ainsi, le meilleur album de AIR n'est pas 10'000 hz Legend mais<br />
celui d'avant (Moon Safari), et leur pire n'est pas Pocket Symphony mais le suivant (LOVE 2). Ce petit rectificatif fait, je vous remercie.<br />
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Complétement d'accord avec ton article. Ce Love 2 m'a laissé exactement la même sensation.<br />
Si je comptais quand même l'écouter, je n'en attendais pas grand chose à la base.<br />
Et j'ai au final été agréablement surpris. Si cet album ne restera pas dans le panthéon de la musique, il se laisse écouter avec plaisir.<br />
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Xavier & Dr F : En fait, moi, je commence à un peu moins aimer Air justement à partir de Talkie Walkie... La B.O. de Virgin Suicides, je la trouve admirable, mais<br />
surtout avec le film (d'ailleurs, c'est à ça qu'elle sert, cette musique à la base). Elle élève à elle seule le film à un niveau que Sofia Coppola ne retrouvera jamais (je n'aime pas beaucoup le<br />
très hype Lost in Translation et je déteste son Marie-Antoinette).<br />
Entre temps, j'aime assez, quand même, le disque qu'ils ont écrit pour Charlotte Gainsbourg, où ils réalisent une sorte de fantasme dont le résultat est assez passionnnant. J'en avais parlé là, aux<br />
débuts de ce blog : http://7and7is.over-blog.com/article-3682404-6.html<br />
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On est tous d'accord, semble-t-il, pour dire que Pocket Symphony était très mauvais. Je pense du coup qu'on s'accordera assez facilement à considérer que Love 2 se situe un net<br />
cran au-dessus. Sans doute pas leur meilleur disque (si cela avait été le cas, je n'aurais pas entamé mon texte comme je l'ai fait), mais une bonne surprise pour un duo dont je n'attendais vraiment<br />
plus rien...<br />
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Et moi samedi j'ai repassé en écoutant du Neurosis... passionnant <br />
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C'est drôle parce que pour moi, 10 000 Hz Legend ressemble e,core à un diamant brut, et il faudra attendre la BO de Virgin Suicides et Talkie Walkie pour que le potentiel<br />
du duo soit véritablement mis à jour.<br />
En tout cas, vu le niveau de Pocket Symphony, je reste qd même septique quant au petit dernier, à écouter rapido en streaming pour se faire une idée <br />
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