Les Who seront à Bercy le 6 juin. Les Who… Enfin ce qu’il en reste, c’est-à-dire Pete Townshend, guitariste et âme du groupe, et Roger Daltrey, son chanteur. Même si l’album décevant paru en novembre dernier (le premier depuis près de 25 ans) n’a fait que deux ou trois petits tours sur ma platine, la perspective de voir enfin le duo entonner quelques hymnes légendaires m’excitait suffisamment pour que je daigne retourner dans une salle que je n’aime guère...
Las ! Ce sera finalement sans moi car voulant prendre un billet pour la fosse, j’ai appris avec stupéfaction qu’il n’y aurait pour ce concert que des places assises. Oui, des places assises pour les Who ! Pas d’alternative. Et Bercy est définitivement trop grand pour se contenter de sièges bon marché (tout est relatif…) au sommet des gradins. Puis entendre les Who chanter Won’t Get Fooled Again sans avoir la liberté de faire des bonds de bonheur, ce serait comme tenter d’organiser un pogo pendant un concert de Vincent Delerm…
Ils chanteront My Generation, c’est sûr. Et on ne reprochera pas à Townshend de ne pas avoir tenu la promesse des paroles écrites il y a quarante ans (« I hope I die before I get old »). Ce serait un procès d’intention particulièrement idiot quand on songe au triste sort des regrettés Keith Moon et John Entwistle, la meilleure section rythmique que le rock ait jamais engendrée. Mais on imagine quel grand écart mental sera le leur lorsque Pete et Roger chanteront ce morceau face à un parterre de sexagénaires confortablement lovés dans les fauteuils en plastique rouge du P.O.P.B…
Their generation…
Produire des émissions sur le rock pour la télé, quel sens ça a aujourd'hui ? Déplorer qu'il n'y a plus de rock à la télé, à quoi bon ? Tout cela se joue ailleurs désormais. On peut le regretter, mais c'est ainsi.
Internet est là pour nous consoler de cette absence du rock sur nos petits écrans. Notre manière de consommer les images se redéfinit totalement (voir YouTube et les découvertes qu'il permet). Et, dans cette redistribution des cartes (dont les blogs mp3 sont le plus bel exemple) le discours sur le rock peut y trouver un second souffle...
C'est ce constat que semble avoir fait Philippe Manoeuvre. Plus besoin de chaîne de télé finalement, une émission peut être directement produite pour Internet. C'est ce qui se passe avec le Punk Press Club, reprise du Rock Press Club câblé d'il y a quelques années.
Sur Dailymotion, donc, on pourra voir cette nouvelle émission régulièrement. Le Punk Press Club est une sorte de Masque et la plume consacré au rock, avec en invités probablement récurrents les inévitables Eudeline, Burgalat et Manoeuvre...
La première émission est loin d'être parfaite. On peut regretter l'habillage immature et le fait que ce ne soit, pour l'instant, qu'un talk show de plus ne prenant pas en compte la spécificité du média qui le diffuse. La distribution des rôles est prévisible et l'émission gagnera sans doute à s'éloigner de l'actualité des sorties disques, à s'ouvrir à d'autres intervenants et à confronter des points de vue plus dissonnants. Pourtant, on prend rendez-vous pour la suite car il y a aussi dans ces 45 minutes de conversation quelques trucs plutôt bien vus...
Après les Rolling Stones en 2002 et Led Zeppelin en 2004, François Bon, précieux écrivain contemporain, prépare un nouveau feuilleton radiophonique. Consacrés cette fois-ci à Bob Dylan, les 15 épisodes le composant seront diffusés en janvier 2007 sur France Culture.
D'ici-là, avant-première en performance à la Maison de la Poésie à Paris le 21 décembre à 20h30 (ici).
Voir et écouter François Bon lire ses textes, c'est déjà un concert rock. Voix, intonnation, postures, rythme, ce n'est pas rien. Je ne me suis d'ailleurs toujours pas remis de sa performance sur Led Zep, accompagné par le violoncelliste Vincent Segal, en mars dernier au Blanc-Mesnil...
A lire pour se faire une idée - mais il faut surtout entendre la voix de Bon ! - cinq épisodes sur Dylan sont déjà en ligne : http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article539
Et puis surtout, en flânant sur le Tiers livre, le site de François Bon, on peut écouter certains épisodes du feuilleton consacré aux Rolling Stones (http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article322), et, surtout, sur un site voisin, l'intégralité de ceux sur Led Zeppelin (http://pierrou.free.fr/downloads.htm). Ca demande du temps, certes (15 fois 20 minutes), mais c'est toujours mieux que de regarder la télé...
Wherever a hungry newborn baby cries
Where there's a fight 'gainst the blood and hatred in the air
Look for me Mom I'll be there
Wherever there's somebody fightin' for a place to stand
Or decent job or a helpin' hand
Wherever somebody's strugglin' to be free
Look in their eyes Mom you'll see me."
(Bruce Springsteen, extrait de The Ghost of Tom Joad, d'après Les raisins de la colère)
Pourquoi ça fait du bien d'écouter la chanson sublime qu'en a tiré Bruce Springsteen ainsi que la reprise qu'en fit Rage Against the Machine quelques années plus tard ?
Parce qu'on a encore, peut-être, quelques idéaux...