On sait à quel point, souvent, le clip repose sur des effets de sidération, sur un pur plaisir de la forme, de la stimulation visuelle, qui laisse le sens et la signification loin derrière l'expérience sensorielle. Le jeu sur les couleurs, sur la luminosité, le recours à la pyrotechnie peuvent dès lors devenir des éléments déterminants quand il s'agit de traduire visuellement la pulsation produite par la musique (pensons simplement au déferlement lumineux du Discotheque de U2 ou aux feux d'artifice du Cochise d'Audioslave).
Paradoxalement, ce clip de Kojak s'appuie sur un effet de sidération traditionnel - l'explosion : figure banale du cinéma d'action hollywoodien - qu'il vide de sa substance spectaculaire en le ralentissant jusqu'à l'abstraction plastique. Le décalage entre la "house" rapide et rythmée et ce plan séquence ralenti provoque un effet d'étrangeté saisissant. On regrettera juste que le principe ne soit pas tenu jusqu'au bout, certains éléments (retouchés numériquement, imagine-t-on) venant s'écraser à vitesse réelle devant la caméra...