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28 avril 2008 1 28 /04 /avril /2008 22:57

Il est des disques dont l'importance manifeste nous donne envie de rompre avec nos mornes habitudes de consommation discophile, habitudes balançant entre achats hebdomadaires et téléchargements aléatoires.
Il est des disques dont le relief, soudain, voue les autres à l'anecdotique. Des disques, surtout, que l'on a envie d'écouter autrement.
Il fallait marquer le coup, rompre avec les habitudes, avec ses petites virées d'après boulot à la Fn*c qui se soldent souvent par l'achat d'un (ou plusieurs) cd.
Bien sûr, le troisième album de Portishead, je n'ai pas attendu aujourd'hui pour l'écouter. Nous sommes nombreux à l'avoir fait bien avant sa sortie. Grâce ou à cause d'Internet, on l'écoute depuis un mois et on est subjugué. Mais ces fichiers mp3 atterris sur un cd lambda désincarnaient l'album le plus organique et le plus entêtant de ce début d'année. Du coup, Third, je ne l'ai pas tant écouté que ça. Suffisamment, toutefois, pour commencer à mesurer l'ampleur et la richesse de l'objet. Mais j'attendais sa sortie pour le laisser m'ensorceler.
Soyons honnête, j'achète très rarement un album que j'ai récupéré avant sa mise en vente. C'est le drame ordinaire qui fait que je n'ai qu'une pâle copie du dernier Black Keys, de Pocket Revolution de dEUS ou de White Chalk de PJ Harvey. Tant de disques attendus avec ferveur, signés par des artistes invariablement chéris, mais que le hasard ou une bonne âme ont mis entre mes mains avant leur parution, brisant ainsi la poussée de désir liée à une date de sortie affichée en point de mire mental (notion aujourd'hui vouée à l'obsolescence tant pour les disques que pour certains films). Bref, une fois gravé, il m'est difficile, face à la tripotée de disques me faisant de l'oeil, de céder pour un objet que j'ai déjà, certes dans une version affadie, chez moi...
Mais pour Third, il ne pouvait en aller qu'autrement. Sentiment évident - conforté tandis que résonne The Rip dans les enceintes - que ce disque venait interrompre quelque chose, arrêter le temps, remettre quelques compteurs à zéro, casser le flux de mes enthousiasmes, de mes déceptions et de mes passades d'un jour ou d'une semaine. Ce disque était ailleurs. Ce disque était d'ailleurs.
Third aurait pu n'être qu'un cd de plus. D'ailleurs, j'aime bien Portishead, mais mes vraies affections se sont toujours portées sur d'autres groupes, sur d'autres disques. Le troisième album de Portishead ? Mouais, faut voir... Eh bien, désormais, c'est tout vu.
Third, donc, devait d'emblée trouver sa place ailleurs. Pas sur ces étagères, pas dans ces tiroirs, pas dans ces tours. L'écouter se mériterait. Il faudrait se lever pour profiter du disque. Changer de face. Changer de disque. Comme avant. Cet album ne souffrirait pas d'être écouté par inadvertance. Il décrasserait mes oreilles, rejoindrait quelques autres merveilles analogiques dont le poids fera pester quiconque participera à mes futurs déménagements.
C'est pourquoi quand j'ai vu le 33 tours de Third, le récupérer sous cette forme s'imposa d'emblée comme une évidence. L'objet même, au-delà de la musique enregistrée, porterait cette singularité puisque je me refuse d'habitude à acheter des nouveautés en vinyl. Qu'importait ce soir le scandale m'amenant à payer près du double du prix initial pour avoir Third dans sa version cartonnée et grand format. Le choisir, c'était tout à l'heure comme acquérir mon tout premier disque. L'émotion ressentie, souvent, en achetant le nouvel album d'un artiste aimé est différente. Ici - allons-y pour les superlatifs ! - je savais déjà que le disque était l'un des plus grands jamais enregistrés. Je n'ai pas fini de regretter la phrase précédente, mais peu importe : un blog se conjugue au présent.
Poser Third sur la platine, frissonner en entendant bruit de l'électricité statique au contact du saphir, c'était, pour le moins, lui donner dès ce soir sa vraie place : celle d'un authentique chef-d'oeuvre.

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commentaires

S
Arf... je suis encore un néophyte concernant Beck (Systool me le repproche sans arret ^^)Ska : Reste que je suis tout à fait d'accord avec toi : les derniers Radiohead et Cie ne sont pas si bons que ça.Le truc de Portishead, c'est que 11 ans après, ils avaient le cul entre deux chaises : faire la même chose qu'avant et qu'on les critique car ils n'auraient pas prit de risque et n'auraient pas évolué ou bien enfoncer de nouvelles portes et se faire taxer d'avant-gardiste ?... Heureusement qu'ils ont choisi la seconde solution ! :-)Après je trouve aussi que Beth Gibbons ne fait pas des miracles lyriques sur cet album... on l'a connue en meilleure forme !En tout cas, merci pour ton accueil ! :-)
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A
normal que ce disque divise, de toute façon, puisqu'il s'éloigne nettement des précédents. Mais je suis d'accord avec toi ska, et pourtant j'avais toujours trouvé portishead très inférieur à massive attack, je ne suis pas un zélote de ce groupe.après, je trouve que c'est plutôt le beck, justement, qui est surestimé (car il et extrèmement bien accueilli par la presse, fraznçaise comme anglo-saxone), ce que je mets sur le compte d'un capital sympathie intact .
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S
Surestimé ? Oui, peut-être. Toujours est-il que, comme je l'écrivais il y a quelques semaines, aucun disque ne m'a fait un tel effet depuis longtemps. Et, justement, je n'avais, dans ce cas précis, aucune attente particulière, appréciant Portishead depuis toujours avec une relative distance... D'ailleurs, rétrospectivement, je me demande si j'avais vraiment bien écouté les deux premiers albums... Je les ai remis sur la platine récemment, mais rien à faire. Pour moi, ils sont très en-deçà de Third. Mais tout cela est, je te l'accorde, complètement subjectif...Après, il est évident que certains défendent Third parce que c'est Portishead. On n'y échappe jamais. Et c'est valable pour à peu près tous les groupes ou artistes un peu attendus (les derniers Nick Cave, Bashung, Radiohead ou dEUS ne sont pas leurs meilleurs disques)... Pareil - même si ça n'a rien à voir - pour certains cinéastes de genre qui acquièrent sur le tard une reconnaissance critique et dont on va défendre les films les plus récents alors qu'ils sont les moins bons (Romero, Carpenter, Argento, et tant d'autres...). Bon, pour Portishead, on n'en est pas là puisque, comme tu le reconnais, le disque est tout de même très bon.Et puis quand on attend plus rien d'un artiste, il arrive qu'il sorte un de ses meilleurs disques dans l'indifférence quasi généralisée. Je parle de Beck, dont le modeste et concis Modern Guilt se classe pour l'instant loin derrière Portishead, mais en deuxième position, dans ma provisoire liste de disques préférés de 2008... Seulement, voilà, dire en 2008 que Beck a sorti un grand disque, c'est un peu "has been", non ?Heureusement, ici, on s'en fout et on mélange tout. Hype ou pas hype. Contemporains ou pas. En français ou en anglais. Donc bienvenue, Sill... :-)
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S
Pour ma part, je le trouve vraiment trop surestimé cet album... Attention, c'est un très bon disque, certes ! Mais je ne suis pas sur que si ça n'était pas Portishead, tout le monde l'encenserait autant...
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P
Tiens, c'est curieux, car comme Ska, j'ai acheté "Third" en vinyle. Pourtant, ma vieille platine Sony semi-automatique prenait la poussière depuis longtemps. J'ai acheté "Accelerate" de R.E.M. en vinyle le même jour, et tout cela m'a encouragé à me procurer une nouvelle platine pour replonger dans la magie de l'analogique. Et autant vous dire que je ne le regrette pas, car le son des platines fabriquées aujourd'hui procure un immense plaisir, avec un son chaleureux et dynamique. Depuis, ma collection de vinyles ne cesse de s'agrandir...Le seul léger inconvénient est qu'il faut enlever l'électricité statique des disques neufs pour obtenir une écoute optimale. De plus, l'écoute du vinyle est plus appropriée sur de bonnes enceintes qu'au casque, qui laissera entendre les défauts du disque. Le vinyle revient en force, et c'est tant mieux : depuis trop d'années, la musique n'avait plus beaucoup d'odeur.
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